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Du 20 au 23 mai 2026 – Centre des congrès Diar Lemdina, Hammamet, Tunisie
Repenser la pédagogie universitaire pour répondre aux défis actuels et futurs
L'enseignement supérieur traverse une période charnière, marquée par des transformations profondes et multidimensionnelles, liées à des mutations économiques, technologiques, culturelles, environnementales et sociétales d'une ampleur sans précédent. Ces transformations bouleversent les manières d'apprendre et d'enseigner et interrogent les finalités des universités (Lison et Paquelin, 2019).
En tant que lieux de savoir, de recherche, de services aux collectivités et d'innovation, les universités se trouvent à la croisée des dynamiques sociétales et des impératifs de formation pour le futur. Repenser la pédagogie universitaire apparaît dès lors comme une nécessité stratégique et éthique pour répondre aux défis d'un monde en transition, qu'il s'agisse de la digitalisation accélérée, de l'essor fulgurant de l'intelligence artificielle, des mutations du marché du travail, des enjeux de durabilité, des dynamiques géopolitiques ou encore des exigences d'équité et d'inclusion.
Dans ce contexte, les universités, sont appelées à repenser leurs missions éducatives, scientifiques et sociales et à jouer un rôle central dans la construction de savoirs pertinents, dans le développement de compétences et dans l'accompagnement de parcours diversifiés afin de contribuer à la construction de sociétés résilientes, innovantes et équitables dans un monde complexe, incertain et interconnecté. Cela implique de revisiter les approches pédagogiques, d'intégrer les innovations technologiques de manière critique, de promouvoir l'inclusion et l'équité, renforcer les collaborations internationales et de soutenir le développement professionnel des enseignants.
S'inscrivant dans une démarche interdisciplinaire, ce sont ces thématiques qui seront abordées dans le congrès. Il s'agit d'ailleurs de croiser les perspectives de recherche et les expériences de terrain afin de proposer de nouvelles pistes de réflexion et des formes d'enseignement supérieur plus adaptatives, inclusives et collaboratives. Ce faisant, le congrès s'adresse aux chercheurs, aux enseignants, aux professionnels de l'éducation, aux décideurs d'établissement et aux étudiants engagés dans la transformation de l'enseignement supérieur.
Les institutions d'enseignement supérieur sont en première ligne face aux mutations sociétales : transformations du marché du travail, crise écologique, évolutions démographiques, amplification de l'incertitude et de la complexité (Morin, 1999 ; Barnett, 2000). Ces changements intenses interrogent la finalité même des formations universitaires (Lison et Paquelin, 2019) : comment préparer les étudiants à un monde de plus en plus imprévisible, incertain, complexe et interconnecté ? L'université doit-elle repenser diamétralement ses curricula, ses modes de gouvernance et ses approches pédagogiques pour favoriser l'agilité intellectuelle, la pensée critique, la citoyenneté engagée, comme le suggère l'UNESCO (2021), ainsi que l'adaptabilité et la résilience. Les établissements d'enseignement doivent-ils reconsidérer la nécessité de concilier excellence académique, inclusion sociale et répondre aux besoins du marché du travail, tout en intégrant les enjeux de durabilité et de justice sociale (UNESCO, 2021) ?
Parallèlement, ces transformations soulèvent des questionnements éthiques. L'intégration des technologies, la personnalisation des parcours et l'évaluation des apprentissages doivent respecter les principes de transparence, d'équité et de respect de la vie privée (Biesta, 2015). Concomitamment, les enseignants sont confrontés à des dilemmes éthiques, notamment en matière de neutralité pédagogique, de liberté académique (Nussbaum, 2010) et de responsabilité sociale de l'enseignement (Noddings, 2013 ; Bozalek et Zembylas, 2017).
Dès lors, ce premier axe invite à interroger la responsabilité éthique et sociétale de l'enseignement supérieur dans un contexte de transformation accélérée.
Les innovations pédagogiques et technologiques transforment en profondeur les pratiques universitaires. Les méthodes d'apprentissage actif et celles basées sur la conception universelle de l'apprentissage (CAST, 2018) constituent des leviers de transformation pour favoriser l'engagement des étudiants et le développement de compétences.
De plus, les écosystèmes numériques alliant plateformes LMS (système de gestion de l'apprentissage), outils collaboratifs, réalité augmentée, environnements immersifs, etc. transforment les modalités d'enseignement et d'apprentissage (Laurillard, 2013), offrent de nouvelles modalités d'engagement et d'interaction (Gaebel et Zhang, 2018) et nécessitent la conception d'environnements d'apprentissage qui tirent parti des potentialités et des capacités technologiques pour personnaliser les parcours et renforcer l'interactivité. Cependant, ces innovations soulèvent des questions sur leur accessibilité, leur efficacité, leur impact sur la charge de travail des enseignants (Selwyn, 2016). Elles forcent aussi une réflexion sur la formation des enseignants et leur accompagnement vers le changement afin de répondre aux besoins d'une population étudiante diversifiée tout en prenant en considération les contraintes institutionnelles.
Dans ce paysage en mutation rapide, l'irruption de l'intelligence artificielle ouvre un nouveau chapitre pour la pédagogie universitaire. Tout en étant un tournant historique, elle amène des interrogations à la fois sur l'alignement pédagogique, les postures d'enseignement et d'apprentissage, l'intégrité académique et les pratiques de recherche (Collin et Marceau, 2022 ; Holmes et al., 2021 ; Rhéaume, 2025 ; Zawacki-Richter et al., 2019). Si ces outils offrent des possibilités inédites pour la personnalisation des apprentissages, l'assistance à la rédaction, l'automatisation des rétroactions, la création de ressources pédagogiques ou encore la simulation d'environnements pédagogiques (Luckin et al., 2016, Dhyne et Plumat, 2025), ils mettent en évidence d'importants enjeux éthiques notamment en matière de plagiat, de biais algorithmiques et de désinformation (Zawacki-Richter et al., 2019). Il devient donc essentiel de former les étudiants et les enseignants à un usage critique et responsable de ces outils (Mollick et Mollick, 2022).
Ce deuxième axe propose donc d'explorer les transformations de l'enseignement supérieur sous l'angle de l'innovation pédagogique, de la médiation technologique et de la responsabilité académique. Les communications attendues pourront notamment :
L'inclusion et l'équité sont des enjeux centraux et des défis majeurs pour un enseignement supérieur accessible et adapté à la diversité des publics. Les transformations sociétales appellent à des environnements d'apprentissage inclusifs, équitables et accessibles (Ainscow, 2020 ; Dufour et al., 2019). De ce point de vue, la diversité culturelle, linguistique, cognitive et générationnelle enrichit les établissements, mais impose aussi des adaptations structurelles et pédagogiques. Comment l'enseignement supérieur peut-il garantir des parcours différenciés ? Comment reconnaitre des parcours atypiques ? Comment soutenir les étudiants de première génération, les étudiants en situation de handicap ou issus de milieux défavorisés ? Peut-on considérer que l'inclusion ne relève plus d'une mesure compensatoire, mais d'un principe fondateur de la qualité éducative ? Comment favoriser la formation tout au long de la vie et valoriser les identités multiples dans un contexte où les universités ne sont plus les seuls acteurs des offres de formation continue ?
Ce troisième axe invite à interroger la manière dont les établissements d'enseignement supérieur peuvent concilier diversité, inclusion, équité et durabilité des apprentissages. Les communications proposées pourront s'articuler autour des questionnements suivants :
L'enseignement supérieur s'est inscrit dans un espace mondialisé où la circulation des savoirs, la mobilité des étudiants et des enseignants, l'échange de bonnes pratiques, la création de programmes conjoints créent de nouvelles formes de coopération entre établissements (Altbach et Knight, 2007 ; De Wit, 2020). Celles-ci favorisent l'innovation, la mutualisation de ressources, le développement de projets comme les campus numériques ou les programmes de double diplomation (Altbach et Knight, 2007) et la construction d'une citoyenneté globale. L'internationalisation n'est donc plus seulement une politique d'attractivité, mais bien un levier stratégique de développement académique et scientifique durable.
Dans cette perspective, De Wit (2019) souligne que ces collaborations doivent être fondées sur des relations équitables et mutuellement bénéfiques, évitant les dynamiques habituelles de dépendance des pays du Sud envers les pays du Nord. Ces initiatives soulèvent aussi d'autres défis liés à la reconnaissance des diplômes, à l'harmonisation des cursus et à la gestion des différences culturelles.
Ce quatrième axe permet ainsi d'explorer les dynamiques de coopération académique à l'échelle mondiale. Il interroge les formes d'internationalisation des curricula, les partenariats interuniversitaires, les mobilités étudiantes et enseignantes, ainsi que les enjeux de réciprocité dans les échanges. Les communications pourront s'articuler autour des questionnements suivants :
Les enseignants du supérieur étant au cœur de la transformation universitaire, leur professionnalisation constitue un enjeu stratégique pour garantir la qualité de l'enseignement et de la recherche (Charlier, 2015 ; Lison, 2025 ; Postareff et Lindblom-Ylänne, 2008). Il existe une diversité de formes de développement professionnel (Demougeot-Lebel et Lison, 2022). Toutefois, la reconnaissance de l'engagement pédagogique reste un défi dans de nombreuses institutions où la recherche prime encore souvent sur l'enseignement. Il est donc essentiel de repenser les modèles de carrière, les dispositifs de formation continue et les incitations pour valoriser le développement professionnel des enseignants.
Ce cinquième axe invite à analyser les référentiels de compétences, les dispositifs de formation, les enjeux de reconnaissance et les tensions entre autonomie académique et injonctions institutionnelles. Les communications pourront s'articuler autour des questionnements suivants :
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